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Un agenda caché

Written by on November 15, 2023

La décision du gouvernement de faire un appel de candidatures au poste de Directeur de l’Agriculture en Inde uniquement est aberrante pour dire le moins.

En effet, elle est discriminatoire parce qu’elle exclut des mauriciens et d’autres nationalités. L’opportunité de postuler pour un poste dans la fonction publique devrait en principe être ouverte à tous les mauriciens. S’il n’y a pas de candidats locaux compétents, on peut alors recruter un étranger. Mais exclure d’avance des candidats mauriciens potentiels relève d’un agenda caché.

Le pays ne manque pas de compétences dans le domaine agricole. L’ancien Collège d’Agriculture d’abord et l’Université de Maurice ensuite ont formé beaucoup d’agronomes et autres spécialistes agricoles qui ont brillé dans leurs domaines respectifs. En effet, en matière de recherche sucrière, le pays a une réputation d’excellence grâce au MSIRI, qui a eu des experts reconnus au niveau mondial.

La décision du gouvernement envoie un mauvais signal aux diplômés mauriciens qui ne cherchent qu’à servir le pays. Déjà l’absence de méritocratie cause une fuite de cerveaux avec l’émigration croissante de jeunes talents. Là on leur dit carrément que l’État n’a pas besoin d’eux, tout au moins au ministère de l’Agro-industrie.

Certes, on dira qu’il y a des experts étrangers dans d’autres postes, notamment un indien comme conseiller en sécurité, un pakistanais comme directeur de la MRA, un anglais à la tête de l’Integrity Reporting Service Agency ou encore une anglaise comme directrice de la FIU. Alors pourquoi pas un autre, dira-t-on ?

Le problème c’est que les conseillers étrangers sont serviles à leur employeur qui décide de leur sort à Maurice. S’ils n’obéissent pas aux diktats ministériels, ils peuvent être renvoyés. Or, un cadre mauricien recruté après une procédure normale de la PSC peut choisir d’être indépendant et objectif dans l’exercice de ses fonctions s’il le veut, sachant qu’il a une certaine sécurité d’emploi comme fonctionnaire.
Ce dont le gouvernement ne veut pas justement, c’est l’indépendance et la neutralité politique des cadres du secteur public. Dans sa tentative de tout contrôler, de la conception d’une politique publique à son exécution, il veut avoir les mains libres. Le ministère de l’Agro-industrie est crucial dans la mesure où il contrôle l’usage des terres agricoles, la politique de sécurité alimentaire et la conversion de terres agricoles en morcellements immobiliers. L’attribution des terres de l’État à bail à certains entrepreneurs a fait l’objet de controverses récemment.

Si aujourd’hui on veut d’un étranger comme directeur de l’Agriculture, demain on pourra recruter un autre comme secrétaire financier ou gouverneur de la banque centrale. Où s’arrêtera la demauricianisation du cadre supérieur du secteur public ?

J’entends bien les thuriféraires du gouvernement accuser d’India-bashing ceux qui critiquent sa décision. Mais c’est un refrain archi-éculé. Il sonne faux.

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